Première cause de décès chez la femme : identification et explications

76 000. Ce n’est pas le nombre d’habitants d’une ville moyenne, ni celui des spectateurs d’un stade en liesse, mais bien le nombre de femmes emportées chaque année par une maladie cardiovasculaire en France. Ce fléau, qui dépasse largement les décès liés à l’ensemble des cancers féminins, continue de passer sous les radars, ignoré par une partie de la population et même du corps médical.

Une réalité aggravée par des signaux trompeurs, une sous-estimation des risques et des diagnostics qui tombent trop tard. Pourtant, il existe des leviers d’action : à condition de repenser la prévention et la prise en charge, en tenant compte des spécificités féminines.

A lire aussi : Durée maximale d'arrêt maladie : tout ce qu'il faut savoir

Pourquoi les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès chez la femme

En France, les maladies cardiovasculaires prennent la première place du podium des causes de décès chez la femme, mais ce fait reste largement ignoré. L’Académie de médecine est formelle : lors d’un infarctus du myocarde, les femmes ne sont pas soignées comme les hommes. Elles appellent les secours plus tard et, en bout de chaîne, le traitement arrive à contretemps. Résultat, leur situation se complique et l’infarctus du myocarde devient le premier responsable des décès féminins, loin devant tous les cancers additionnés.

Autre donnée qui change la donne : les artères coronaires des femmes ne ressemblent pas à celles des hommes. Elles sont souvent plus étroites, parfois plus difficiles d’accès lors d’interventions en urgence. Ce détail technique pèse lourd sur les risques lors des soins immédiats.

A découvrir également : Ordonnance et consultation dermatologique : nécessité et procédures

L’infarctus n’est qu’une partie du tableau. Les maladies cardiovasculaires recouvrent aussi l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), autant de menaces souvent sournoises pour les femmes.

Les statistiques sont sans appel : plus de 75 000 femmes en meurent chaque année, bien plus que le cancer du sein. Globalement, les dangers spécifiques féminins restent minimisés, la pose du diagnostic traîne, les symptômes passent à la trappe ou sont mal lus.

Cardiologues comme associations de patients alertent : la sensibilisation n’est pas au rendez-vous. Il s’agit d’aller bien au-delà des soins en urgence : détecter, prévenir, adapter la prise en charge, voilà le véritable défi.

Quels signes doivent alerter : comprendre les symptômes souvent méconnus

Les alertes d’un infarctus du myocarde chez la femme brouillent les repères. Oubliez la douleur thoracique centrée classique : la gêne s’étend quelquefois à la mâchoire, au dos, à l’épaule. À cela s’ajoutent parfois une fatigue sans cause, un souffle court même sans effort, ou cette sensation pesante d’oppression. D’autres fois, ce seront des nausées ou des vomissements qui débarquent, ce que l’on associe à tort à des problèmes digestifs sans gravité.

Pour mieux cerner ces signaux, il faut garder en tête les manifestations suivantes :

  • Douleurs thoraciques inhabituelles : une gêne, une brûlure, une pression parfois associée à des douleurs qui cheminent vers la mâchoire, le dos, voire l’épaule.
  • Essoufflement soudain : difficulté à respirer, impression d’étouffer qui s’installe sans raison claire.
  • Fatigue intense et soudaine : épuisement qui surgit et ne cède pas au repos.
  • Nausées et sueurs froides : troubles digestifs, malaise général, tout cela hors contexte habituel.

Certains risques pèsent sur les femmes de façon spécifique et appellent une attention renforcée. Les antécédents de pré-éclampsie, d’hypertension durant la grossesse ou de diabète gestationnel, par exemple, augmentent la vulnérabilité bien plus tôt qu’on ne le pense, parfois dès la quarantaine. D’autres paramètres pèsent dans la balance : contraception hormonale, syndrome des ovaires polykystiques, passage à la ménopause, autant de changements parfois discrets, pourtant lourds de conséquences.

L’AVC, lui, alerte à sa façon : troubles de la parole, perte de force soudaine dans un bras ou une jambe, vision qui se brouille ou chute inexpliquée. À la moindre suspicion, chaque seconde compte, qu’il s’agisse du cœur ou du cerveau.

Groupe de femmes main dans la main dans un parc lumineux

Des gestes simples pour protéger sa santé cardiovasculaire au quotidien

Prévenir vaut mieux que guérir, à condition d’agir sur la durée. La Fédération française de cardiologie, dans sa brochure dédiée « cœur de femmes », met les priorités sur trois piliers : arrêter le tabac, diversifier son alimentation et intégrer une activité physique régulière. Trente minutes de marche rapide, cinq jours sur sept, changent déjà la donne et limitent nettement les dangers pour le cœur chez la femme.

Pour mieux anticiper, il convient de surveiller ces différents facteurs de risque :

  • Hypertension artérielle
  • Diabète
  • Tabagisme
  • Consommation d’alcool
  • Sédentarité
  • Taux de cholestérol élevé
  • Surpoids
  • Manque de sommeil
  • Stress répété

Un point encore trop négligé : les violences physiques font partie des éléments qui fragilisent le cœur. Elles augmentent le risque de pathologies cardiovasculaires et sont encore trop rarement prises en compte lors de l’évaluation du risque.

La vigilance doit aussi rester de mise lors des grands bouleversements hormonaux : contraception, grossesse, ménopause. Anticiper, c’est déjà se protéger. Il ne faut pas minimiser les signaux d’alerte, surtout lorsqu’ils bousculent les schémas habituels. Afin de favoriser la prévention et l’information, des actions de sensibilisation sont menées chaque année à travers les « Parcours du cœur » organisés par la Fédération française de cardiologie. Ces événements réunissent des ateliers et des activités pratiques qui facilitent le passage à l’action, en toute convivialité.

Changer le sort de son cœur ne tient pas à des révolutions. Parfois, ce sont ces habitudes discrètes, qui, additionnées jour après jour, redessinent le futur. Cela commence ici, maintenant.